Saison 2

S02E11 - Méziane Azaïche, Créateur et Directeur du Cabaret Sauvage

D’habitude, on va au « bistrot » avant et après le spectacle. Enfin quand ils sont ouverts. Et qu’il y a des spectacles. Mais Méziane ne fait jamais rien comme tout le monde : lui il aime être près de la tireuse à bière pendant le spectacle, peut-être parce qu’il vient de là… Dans cet épisode vous entendrez parler de bars iconiques, mais aussi de Jacques Higelin, de 5000 euros bien investis … et surtout d’un humanisme transcendant, qui a donné naissance à ce lieu unique qu’est le Cabaret Sauvageun lieu où tout est possible dès que les frissons de Méziane sont là, follement contagieux. On va trinquer à la Villette dès que la vie revient ? CHICHE !

Sold Out Méziane Azaïche Cabaret Sauvage

Écoutez l'épisode maintenant

Découvrez la retranscription de l'épisode

SOLD OUT - Saison 2, épisode 11 : Méziane Azaïche

Bonjour ! Bienvenue dans ce nouvel épisode de « Sold Out » !

Aujourd’hui, pour une fois, on n’enregistre pas dans les bureaux de Delight : ce n’est pas notre invité qui vient à nous, c’est nous qui allons vers notre invité.

On est dans un lieu invraisemblable, sublime ! Racontez-nous où on est…

Vous êtes dans un endroit un peu « spécial ». Il est à côté de l’eau… on est dans un jardin. Il ne manque que le Soleil pour être vraiment « dans le Sud ».
C’est un endroit rêvé pour moi, c’est ma « maison ».

C’est de cette « maison » dont on va parler dans tout cet épisode avec ce Monsieur que vous venez d’entendre : Méziane Azaïche.

Bonjour Méziane !

Bonjour ! 

On va vous consacrer cet épisode de « Sold Out », qui commence maintenant.

Méziane Azaïche, puis-je vous demander le premier billet que vous avez vendu ici, au Cabaret Sauvage ?

Le Cabaret Sauvage est né d’un spectacle qui s’appelait « Le Cabaret Sauvage ». C’est le premier spectacle que j’ai créé il y a 25 ans. C’est le premier billet d’un spectacle que j’ai vendu dans ma vie.

Je m’appelle Méziane Azaïche. Je suis le Directeur du Cabaret Sauvage depuis toujours : c’est moi qui ai créé ce lieu, il y a 23 ou 24 ans.

Bonjour Méziane !

Bonjour !
Je suis très content de vous recevoir. Ces « box », c’est un peu mon « salon ».  

Pour les habitués du Cabaret Sauvage à La Villette à Paris, on est dans le premier box juste à côté du bar…

En général, quand il y a des spectacles, ce box-là est le seul endroit où j’inscris « Réservé ».
J’ai besoin d’entendre le bruit du bar, de voir le spectacle, et en même temps, de voir les gens qui rentrent et qui sortent… tout le « mouvement ». Du coup, très souvent, je me mets dans ce box-là.

Pour ceux qui nous écoutent et ne connaissent pas très bien Paris ni La Villette, il faut dire qu’on est dans un endroit incroyable parce que vous avez des voisins prestigieux, quand même !
Il y a cet endroit magique : Le Cabaret Sauvage, tout près du Zénith, du Trabendo, de La Grande Halle de La Villette, de La Philharmonie de Paris et de La Cité de la Musique.
Travaillez-vous ensemble ? Y a-t-il un « projet du lieu », ou est-ce que chacun travaille de son côté pour amener quelque chose à cet endroit ?

Franchement, non : chacun travaille de son côté pour amener quelque chose à ce Parc.
Cela nous arrive de temps en temps de collaborer avec les gens de La Grande Halle, mais pas beaucoup.

Mon souhait est de créer, un jour, une dynamique pour « faire des choses ensemble ».

Qu’est-ce qui caractérise ce lieu et ce « projet Cabaret Sauvage » ?
Un mot me vient à la bouche : « éclectisme ». J’ai l’impression que c’est le mélange des genres qui caractérise ce que vous avez envie de faire ici. Est-ce que je me trompe ?

Non ! Ce qui « m’excite », c’est le mélange des genres. Dès qu’on parle de « mélange », j’ai les yeux qui pétillent. Dès qu’on parle de « rencontres », c’est quelque chose qui « m’excite ». 

Je peux dire que le caractère du cabaret, c’est que quelqu’un peut venir le louer pour faire son concert etc… notre porte est ouverte mais, dans tous mes engagements, il faut que j’aie la chair de poule !

Ça peut être du Cirque, ça peut être un clown… ça peut même être un Conteur ! Il faut que tout ce que je cautionne me touche profondément !
Ce qui caractérise ce lieu, ce sont cette vérité et cette liberté de « sentir tout ce qu’on fait ». Je ne dis pas que tout ce qu’on fait est bon, mais on ressent tout ce qu’on fait, et on essaie de le « faire sentir ».

Ici, j’ai vu beaucoup de gens devenir des « habitués » alors que dans des Salles de Spectacles, il n’y a pas « d’habitués » ! Je connais des gens qui suivent le cabaret et qui, si un jour le cabaret tourne mal, seront malheureux ! Ce sont pourtant des gens qui achètent tout simplement leur billet, vont voir un spectacle, et rentrent chez eux. C’est quelque chose qui me donne la chair de poule !

Du coup, à chaque fois que je vois un spectacle ailleurs ou que j’ai des idées sur un spectacle, j’ai envie de « mettre cette chair de poule », de « sentir cette chair de poule ». Je me dis : « si moi je la sens, il y aura sûrement des gens qui vont la sentir ». Le caractère du cabaret, c’est ça !

Vous êtes en train de nous dire que Le Cabaret Sauvage est presque une « idée » encore plus qu’un « lieu », finalement…

Ce n’est même pas un « lieu » … je trouve que ce sont tous ces gens qui travaillent dans ce lieu et tous ces gens qui nous font confiance qui « font » le lieu !

Un jour, j’ai discuté avec quelqu’un. J’avais un petit bistrot, et…

On va en parler…

… il me dit : « Tu as vu : il s’est fâché et il est parti… »
 
A moment donné, je lui ai dit : « écoutes Saïd… Arrêtes de me parler des clients ! On a tout le temps besoin des clients : on est fragiles, c’est très difficile ! Le jour où c’est le client qui a besoin de mon bistrot, de mon lieu, de mon travail… ce jour-là, c’est gagné !
S’il m’arrive quoi que ce soit, les autres clients vont me défendre parce qu’ils veulent défendre leur lieu.
Ce n’est plus mon lieu : il devient « nôtre » lieu. Le Cabaret Sauvage, aujourd’hui, dans Paris, n’est plus « le cabaret de Méziane Azaïche » ! C’est Le Cabaret Sauvage des Parisiens et des Artistes. »

Ici, j’ai vu des artistes émerveillés ! Au lieu de jouer un concert d’une heure, ils jouent deux heures et ils restent dans les loges jusqu’au matin. Le spectacle se passe autant dans les loges qu’au Cabaret Sauvage.
Je vous assure que c’est vrai ! 

Ce que vous dites est si vrai… Ça ne se passe pas seulement dans cet endroit clos, fermé : il se passe des « trucs » dehors aussi…

Oui ! Cet été, même s’il y avait le Coronavirus, on a réussi à faire des fêtes extraordinaires !
On a réussi à le faire en sécurité : j’ai embauché des Médiateurs pour expliquer aux gens que s’ils voulaient continuer à vivre, qu’on continue à présenter des choses, à danser, il fallait respecter les règles.

Une fille prenait en charge des groupes de dix personnes. On prenait du temps avec eux. On a mis un mois pour vraiment instaurer les choses. Au bout d’un mois, tout le monde respectait les règles qu’on avait définies, et on a fait la fête ! C’était extraordinaire !

On va retourner dans des endroits dont le nom vous dira peut-être quelque chose : Le Paladin, Le Zéphyr… C’est quoi Le Paladin ? C’est quoi Le Zéphyr ?

Le Paladin, pour moi, c’est… « Méziane » ! [Rires]

C’était « un bistrot », comme vous dîtes …

Le Paladin, c’est mon premier Café. 

C’est l’endroit qui m’a « fabriqué » en fait. C’était un lieu magnifique, situé dans un renfoncement de la Rue des Pyrénées, à l’intérieur de la Cité Leroy.

A cette époque-là, je n’avais rien. Je venais de « m’embrouiller » avec mon papa, je n’avais pas de boulot…
Je marchais dans la rue et j’ai vu ce Café qui allait être vendu aux enchères : un Café magnifique, dans la Cité Leroy où il n’y avait que des maisons. J’ai dit : « Ce n’est pas possible ! ».
J’ai commencé à trembler : j’adorais ce Café ! Je n’y ai jamais mis les pieds, et l’ai toujours connu fermé.

Quelques mois avant, un vieil Algérien qui partait en Algérie m’a dit : « Je vais y rester peut-être six mois, peut-être un an… Voilà, j’ai tant d’argent, je te le laisse… on ne sait jamais, si j’ai besoin d’argent là-bas, je te dirai de me l’envoyer. »
Je lui ai dit : « Tu es fou ! Mets-le à ta banque ! Je ne travaille pas, je vais te les « manger ».
Il m’a dit : « Tu me les gardes, j’ai confiance en toi ! »

Il y avait l’équivalent de 6 000 euros. Je voyais ce Café, et j’avais les yeux qui pétillaient ! Je rentre à la banque, j’y « mets » tout l’argent, et je vais aux enchères avec un chèque certifié. Normalement, avec 6 000 euros, tu ne vas pas très loin…

J’arrive aux enchères… il y avait du monde : une trentaine de personnes.
Juste avant de démarrer les enchères, une femme représentant la Ville de Paris entre, et dit à celui qui s’occupe des enchères : « Il faut que j’informe les personnes ». Elle prend le micro, et nous informe que le Café (qui est un petit immeuble) est « frappé d’alignement ». Je ne comprenais pas ce que c’était…

« Attention si vous achetez : il y a des squatters au premier étage. » »

J’ai regardé à droite et à gauche, tout le monde était parti ! Nous n’étions plus que trois… La personne nous explique finalement que le bâtiment va être démoli, et tout le monde part. Je me suis dit : « je ne risque rien, ça va être démoli peut-être dans deux ou trois ans… je vais faire les enchères. »

J’ai acheté ce lieu avec les 6 000 euros. Ça m’a coûté, je crois, 5 000 euros à l’époque. Les deux autres sont partis, et je me suis retrouvé tout seul avec les clés du Café. Je me suis dit : « Est-ce que je vais déranger les squatters ? J’y vais ? Je n’y vais pas ? »
Je tape à la porte… Il m’ouvre… « Oh ! Méziane ! » Il me fait la bise et tout…

C’était quelqu’un avec qui je buvais des coups tous les jours au bistrot d’à côté, un copain quoi !
Il n’avait pas où habiter donc il habitait là, comme moi j’habitais chez des gens.
Comme il « se démerdait » un peu en peinture, je lui ai acheté des seaux de peinture. On a refait l’appartement ensemble et on y a vécu pendant un an. Je l’ai embauché, il a travaillé avec moi au Café… et ma vie a commencé comme ça !

C’est génial !

C’est là que j’ai rencontré les Artistes, c’est là que ça m’a donné envie de faire ce métier !

J’ai rencontré un monsieur qui s’appelait Ramon (aujourd’hui décédé). Il m’a dit : « Viens avec moi, on va créer une Association : un Collectif de bars pour passer des concerts ».
On a créé une Association qui s’appelait « Culture au quotidien ».

On a commencé avec sept bistrots et au bout d’un an (à peu près), on a réussi à avoir quarante bistrots. Cent quarante Artistes adhéraient à « Culture au quotidien ». A l’époque, on les faisait travailler dans les bistrots et on les payait 100 francs « déclarés » (c’était important pour les Artistes).

On a fait des « folies », à tel point qu’on a réussi à avoir des subventions du Ministère de la Culture (Jack Lang), et on a même acheté un bar dans le 13ème arrondissement de Paris, sur une petite place très « branchée ». J’y ai été l’autre jour : le bistrot que j’avais acheté grâce à l’Association y est toujours !

On a fait des « folies » avec ça, jusqu’à ce que Charles Pasqua arrive au Pouvoir comme Ministre de l’Intérieur, et qu’il menace de fermer tous les bistrots. Il en a fermé certains, d’autres ont quitté l’Association pour « sauver leur peau », et je me suis dit : « Il faut vraiment que je trouve un lieu ! ».
C’est là que ça m’a « donné envie ».

Et donc, vous êtes naturellement passé de « Patron de bistrot par effraction » à « Inventeur et Patron-Directeur du Cabaret Sauvage »…

Avant d’arriver au Cabaret Sauvage, j’avais acheté un restaurant…

Le Zéphyr ?

Le Zéphyr, qui était un restaurant très sélectif. C’était un restaurant 2 étoiles, à l’époque.

On a du mal à vous y imaginer, vous qui adorez le « mélange des genres » !

Oui ! Je l’ai justement acheté parce qu’il « me faisait chier » (excusez-moi du terme) !
Ce restaurant était dans un lieu hyper populaire, dans la Rue du Jourdain, et nous (les gens du quartier) n’avions même pas le droit de regarder le Menu !
A chaque fois que je passais devant le restaurant et que j’avançais vers le Menu pour regarder ce qu’ils y faisaient à manger, un serveur sortait et faisait semblant de nettoyer le Menu ! [Rires]

Le jour où j’ai su qu’il était à vendre, j’ai dit : « je vais acheter ce lieu. Je veux qu’il devienne populaire ».
Je l’ai acheté, et dès la première semaine d’ouverture, j’ai fait un Menu « Entrée – Plat – Dessert » à 55 Francs ! Pour l’ancien patron, le changement de légume était à 70 Francs ! [Rires]

[Rires] C’était « deux salles, deux ambiances » !

Voilà.
Ses clients continuaient à venir, du coup les miens ne pouvaient pas venir : c’était deux mondes qui ne pouvaient pas se rencontrer…

Que s’est-il passé entre Le Zéphyr et « ici » ? Quel a été le déclic ?

Ce qui s’est passé, c’est que pour faire venir ma clientèle je faisais venir un ami qui avait été Place des Fêtes. Dès que les clients arrivaient à midi, je l’appelais, et il descendait avec sa guitare électrique et… [Imite le son de la guitare électrique]
Les clients laissaient les « biffetons » sur la table et ils partaient. On a « viré » les anciens clients et on a fait rentrer des clients.

Ce qui a fait le « déclenchement » du Zéphyr à « ici » c’est que quand j’étais au Paladin, j’ai très longtemps cherché une salle de spectacles sans la trouver : soit c’était trop grand, soit c’était trop petit, soit c’était trop cher pour moi.
Je me suis lancé un défi avec Le Zéphyr, qui a commençait à très bien « marcher ». J’avais quelques artistes pour lesquels Le Zéphyr était vraiment devenu un « refuge », dont Jacques Higelin, qui venait pratiquement tous les jours. Je lui avais acheté un piano, l’avais « mis dans un coin », et Jacques en jouait très souvent.

Jacques Higelin (que j’adorais et qui était devenu un ami) adorait se faire remarquer : c’était un personnage ! 

Il prenait toujours la dernière table et « allait au toilettes » une dizaine de fois pendant le repas ! Il traversait la salle avec une classe que je ne connais pas chez d’autres personnes. 

Il n’y a que lui qui pouvait faire ça sans déranger personne, et en le faisant bien.

Un jour qu’il jouait au piano, je lui ai dit : « Jacques, je vais fermer deux heures : je dois aller à Rungis ».
Il y avait trois ou quatre filles qui le regardaient… Il me dit : « non, non Méziane, etc. »
A un moment je lui ai dit : « Ecoutes Jacques… je ferme le Café. Tu restes jouer si tu veux. Quand tu sors, tu tires la porte et tu ne me laisses personne ici. Si vous voulez boire quelque chose, une bouteille de vin ou de Champagne, prenez-les maintenant ! »

Il me dit : « T’inquiètes… On va faire quatre morceaux, et on s’en va… »

Je vais à Rungis à trois heures du matin. Je reviens à huit heures et demie du matin, et je vois une trentaine de personnes derrière la baie vitrée du Zéphyr : ces gens partaient au travail, ils ont vu que Jacques Higelin jouait, et ils sont restés !
Jacques était toujours en train de jouer… Je suis arrivé derrière les gens et leur ai dit : « maintenant, rentrez chez vous quoi ! »

[Rires] « Il faut arrêter maintenant ! » …

Voilà ce qui m’a « ramené » au Cabaret.

En fait, vous vous êtes dit : « j’ai envie de vivre plus de moments comme ça » …

Exactement !

Après, j’ai rencontré la Famille Higelin qui a beaucoup compté dans ma vie.
J’ai rencontré Arthur H et Brad Scott (un de ses musiciens anglais), et on est devenus copains. Ils faisaient un spectacle à La Villette dans un magic mirror, et m’ont dit : « Tu viens avec nous, tu vas tenir le bar et c’est toi qui seras là pour tous les concerts ». J’ai dit : « Non ! J’ai un restaurant, je ne vais pas m’occuper de ça… ».

Arthur H m’a « envoyé » sa mère, Nicole Courtois-Higelin, qui était Attachée de presse. Elle m’a dit : « Viens avec nous Méziane ! ». Je me suis laissé guidé, j’y ai été, et on a « fait » 30 dates avec Arthur H dans le Parc de la Villette. C’était de la folie !
Je me suis dit : « Je ne peux pas retourner au Zéphyr, il faut absolument que je continue ce travail-là ! ».

J’ai loué « sur le champ » un magic mirror, sans savoir où le mettre ! Nicole Courtois-Higelin m’a aidé à faire tout le dossier de Demande d’Autorisation à La Villette, et on s’est installé dans le Parc de la Villette avec un spectacle qui s’appelait « Le Cabaret Sauvage ».
On a cartonné, on a eu beaucoup de succès, mais au bout d’un moment on a été obligés d’arrêter parce qu’on avait une autorisation de quatre mois.

Je n’arrivais pas à reprendre mon « boulot du restaurant ». J’ai dit : « Non, je ne vais pas le louer : si je le loue, dès que le spectacle est fini, il faut y retourner… je vais construire un magic mirror beaucoup plus grand et avec beaucoup plus de cachet ». C’est comme ça qu’est né Le Cabaret Sauvage.

D’abord dans une forme de « préfiguration » en 1994, et le « vrai » en 1997. C’est ça ?

Exactement.

C’est quand même fou cette histoire ! Des coups de cœur tout le temps, en fait…

Oui, et ça continue !
Aujourd’hui, je suis comme un môme : je rêve tout le temps ! J’ai tout le temps au minimum trois à cinq projets d’avance. Très souvent, ils se réalisent avec le temps.
Seulement, le temps d’en réaliser un, il y en a déjà un autre qui « bouscule » derrière ! [Rires]

On sent que l’envie est « viscéralement là », et que quand ça réouvrira, vous serez prêt !

Je serai prêt, et je peux vous dire que tous les Artistes seront prêts ! Ils sont « en attente » …

J’ai gardé le contact avec ces gens. Des fois, ils sont dans une déprime incroyable, qui n’est même pas une « déprime financière ». Le Gouvernement est malin : il nous a tous « achetés » !

On a dit aux gens du Spectacle : « Ne vous inquiétez pas, vous avez le chômage, on ne compte pas les heures, etc. ». Les salles nous ont « poudré » un peu avec de petites subventions.
Du coup, on n’arrive même pas à se réunir et à se dire : « Ce qui est important c’est de savoir où on va et comment on s’organise ».
C’est ça qui me manque, pas l’argent. Dans ma vie, j’ai toujours « perdu de l’argent ». J’en ai beaucoup gagné, mais j’en ai perdu beaucoup ! L’argent est juste un outil.

Ma crainte est de perdre mon équipe. Je n’aurai pas le courage ni l’énergie de reconstruire une équipe.
A force de leur dire : « Revenez travailler et commencez à monter des choses ! », le fait qu’ils « n’aillent pas au bout » me fait de la peine…
Il y a une « petite » que j’adore, qui fait un travail extraordinaire sur la Communication. Elle démarre sa vie : c’est une apprentie. Elle nous apprend plein de choses. Elle a pratiquement fini son stage, on lui dit que c’est dans un mois que « ça va se jouer », qu’elle va travailler… et si ça se trouve, elle va finir son stage et va repartir sans avoir obtenu le fruit de son travail.

Justement, c’est la dernière question « rituelle » de « Sold Out » : encouragez-vous quand même cette jeune fille, cette apprentie, à continuer dans le monde de la Culture et à se battre pour aller dans le Spectacle, même si c’est si dur en ce moment ?
Que pensez-vous de « tout ça » ?

Je n’ai même pas besoin de l’encourager : je la sens tellement engagée dans ce qu’elle fait !
Je peux lui apprendre des choses, mais pas celle-là. J’ai confiance en elle. Je sais qu’elle a quelque chose de rare dans ce domaine, et qu’elle va aller très loin. Ce n’est pas quelqu’un qui va baisser les bras, même si ça dure encore six mois ou un an.

Elle a de la chance d’être venue au Cabaret Sauvage : c’est une très bonne école.
C’est un travail de famille, d’équipe : on sent toujours cette fragilité, et en même temps, cette beauté d’être ensemble !

C’est ça Le Cabaret Sauvage
Merci beaucoup Méziane !

Je t’en prie ! 

TOUS LES ÉPISODES