Saison 2

S02E07 - Cécile Legros, attachée de presse indépendante pour la scène et la musique

Après avoir notamment travaillé à la Direction de la Communication de la Fnac (Fnac, Live,…), chez Barclay (Universal Music) et Atmosphériques (label indépendant), Cécile dirige aujourd’hui son propre bureau de presse indépendant. Elle accompagne les labels, les producteurs, les artistes et les festivals dans leurs relations avec la presse. Elle se bat chaque jour pour obtenir des « retombées » (articles, posts, couvertures, …) pour les projets qu’elle défend : Le Printemps de Bourges, le MaMA, les Têtes Raides, Fnac Live, Tim Dup, … Dans cet épisode, Cécile donne les clefs de ce métier d’intermédiaire au service du live. Elle partage aussi ces craintes de voir ce secteur oublié des politiques publiques au moment où la crise se prolonge... et sa passion !

Sold Out Cécile Legros

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SOLD OUT - Saison 2, épisode 7 : Cécile Legros

Bonjour ! Je suis Marc Gonnet.
Je suis très heureux de vous retrouver pour le septième épisode de la saison 2 de « Sold Out ».

Vous connaissez le principe : si elles ou ils sont « dans l’ombre », dans la coulisse et rendent possible le Spectacle, alors on « allume la lumière », on leur tend notre micro et elles ou ils nous intéressent.

Aujourd’hui, on ne va pas tendre le micro à quelqu’un qui dirige une salle, un festival, un opéra, un théâtre, ou qui produit des shows. On va plutôt s’intéresser à un Bureau de Presse ; à Cécile Legros, qui est Attachée de Presse Indépendante après l’avoir été au sein d’une grande entreprise comme la Fnac ou dans un label. Cécile travaille pour Le printemps de Bourges, pour Fnac Live et aussi pour beaucoup d’Artistes ou de labels.

C’est très intéressant parce que beaucoup d’auditeurs ont envie « d’entrer » par les Relations Presse ou par la Communication pour arriver très près du Spectacle. Cet épisode est pour eux ! 

On va évidemment parler de la « crise » avec Cécile, puisqu’on parle souvent des Bureaux de Presse et de tous les prestataires des Producteurs comme des « invisibles », dans cette pandémie qui n’en finit pas de durer.

Cécile Legros, premier billet vendu ?

Je dirais les concerts de Rachid Taha et de Noir Désir notamment : je travaillais chez Barclay et je m’occupais plus spécifiquement de toutes leurs tournées « en local ».

Dernier billet vendu ?

En ce moment c’est un peu compliqué, mais j’ai eu la chance de pouvoir avoir deux ou trois concerts depuis le début du mois de septembre.
Je dirais celui d’Emily Loizeau, avec ses spectacles autour de Lou Reed, au 104.

Tous ces sujets sont pour cet épisode qui commence tout de suite !

Bonjour ! Je suis Cécile Legros, Fondatrice d’un Bureau de Presse spécialisé dans les Musiques Actuelles et la Culture. 

Bonjour Cécile ! 

Bonjour Marc !

Merci d’être dans « Sold Out ».

C’est moi qui te remercie de me recevoir.

On va essayer de comprendre ce « métier de l’ombre » qui est, comment dire… « L’Attaché(e) de Presse », « Responsable de la Presse pour le Live » ?

Oui, « Attaché(e) de Presse ». En effet, la plupart du temps, quand on travaille dans la Musique et qu’on est Attaché(e) de Presse d’Artistes, on s’occupe notamment de tout ce qui est concerts.
Pour ma part, j’ai également tout un pan d’évènements : je m’occupe de beaucoup de festivals.

Je vais te poser une première question très banale.
Comment as-tu le temps de te renseigner sur tous ces nouveaux médias et ces nouveaux inventaires (on peut parler de tes festivals ou des artistes que tu défends), alors que (pour te connaître un petit peu) tu m’as toujours l’air « survoltée » et « dans l’urgence » ?
Tu es tout le temps entre deux urgences, entre deux « trucs » qui doivent absolument être livrés d’ici ce soir…

Je pense qu’aujourd’hui, si une Attachée de Presse ose dire qu’elle a un carnet d’adresses ou, en tous les cas, un fichier absolument « nickel » et sans aucun oubli… c’est impossible !

Je pense que plus tu as d’évènements et d’Artistes différents et plus, forcément, tu « brasses » une diversité de médias et, par conséquent, de sites web et de blogs. Tu « pioches » au travers de tout ça, tu vois qui réagit, et à chaque fois, de plus en plus, ça fait sens.
C’est une question de « rester en mode observation » tout le temps, en fait.

De garder de la candeur, presque…

Garder de la candeur, de comprendre qu’un « tout petit média » qui peut paraître assez ridicule au tout début peut très bien, en moins de quelques mois, devenir incontournable…

Ça t’est arrivé, ça, de « faire confiance » : d’envoyer un « très gros Artiste » dans un « tout petit média », et que ce « truc » explose à un moment ?

Ça m’arrive ! C’est l’une des choses que j’espère ne pas perdre.
Je traite tous les médias (y compris les « petits »), à partir du moment où je connais un peu la personne.

Bien entendu, je ne peux pas envoyer mon Artiste n’importe où et n’importe comment.
Quand je commence à avoir une première prise de contact avec des gens et que je sens qu’il y a « du fond » derrière et du sérieux, si c’est un « petit média » mais que je le considère comme étant intéressant et bien fait, je n’ai aucune raison de ne pas le traiter.
Après, j’essaie de faire en sorte de trouver le moyen, d’une manière ou d’une autre, de lui livrer quelque chose, que ce soit une interview d’Artiste (j’essaie de la faire autrement si je ne peux pas « livrer l’Artiste chez lui » comme il le souhaite), des interviews par e-mail… On essaie de trouver des solutions. 

Généralement, je suis plutôt « soutien » des jeunes médias qui « déboulent ». 

Cécile, on a compris quel était ton métier. On va maintenant essayer de comprendre comment on en vient à ce métier-là et parler de toute ton expérience.
Pour toi, tout a commencé assez naturellement à l’EFAP : l’Ecole française des attachés de presse. C’est ça ?

Oui. J’ai fait cette école, en effet. Je voulais faire de la Communication et, a priori, je m’orientais plutôt vers le Journalisme au tout début de mes études. Puis, j’ai eu envie d’accélérer les choses. Je ne sais pas pourquoi j’ai fait un « blocage » sur ce métier d’Attachée de Presse, « d’intermédiaire » …

Soudainement, être celle qui met présence un média et un Artiste (dès le début, je voulais travailler dans la Culture), je trouvais que ça avait un côté powerfull !

Il n’y a pas de côté « dégradant » quand on est « intermédiaire » ?

Non, je ne le voyais pas « dégradant ». Pas du tout. Je le voyais plus comme quelque chose d’assez génial !

Bien entendu, il y a l’univers des stars, mais il n’y a pas que ça. Quel que soit le secteur culturel dans lequel on travaille, il y a tous ceux qui sont très vite reconnus, vus et sur-vus, et « tout le reste », qui compte plus que jamais. C’est pour ça que j’avais envie de faire ce métier : pour faire exister les projets quels qu’ils soient en Culture, et me dire que j’étais là pour les faire « arriver en médias » et les « faire être exposés ».

Parmi les auditeurs de « Sold Out », il y a plein de jeunes gens qui veulent faire ces métiers et qui nous demandent souvent s’il faut forcément commencer dans la Culture pour y travailler demain.
Autrement dit, est-ce mieux de devenir Attaché(e) de presse chez L’Oréal ou dans la Grande Distribution,  « avoir les bases » et aller dans la Culture après, ou, comme toi, d’avoir « viscéralement » envie de n’être que dans la Culture depuis le début ?

Personnellement, j’ai commencé dans la Culture en travaillant en Maison de disques : chez Barclay, au tout début. J’ai également passé près de dix ans à la Direction de la Communication de la Fnac. 

Absolument !

C’est une de mes plus grosses expériences. En termes de bagage et de gestion de mon métier, je pense que c’est l’une de mes plus grosses « cartes de visite » : c’est là où j’ai appris l’une des grosses parties de mon métier. 

Donc, tu dirais : « N’hésitez pas, parfois, à emprunter des chemins de traverse » …

Ce n’est pas parce qu’on commence en Culture qu’on y restera. Ce n’est pas parce qu’on commence en Culture et qu’on aime la Culture qu’on saura être un(e) bon(ne) Attaché(e) de presse.
Tout cela est une question de mélange d’envie et de volonté.
Il ne faut pas croire que parce qu’on aime la Musique par exemple, on sera très doué(e) en tant qu’Attaché(e) de presse ou même en tant que Chef(fe) de projet dans une Maison de disques !
Ce n’est pas parce qu’on aime la Musique qu’on saura faire ces métiers-là.
On ne peut pas les faire si on n’aime pas la Musique ou la Culture, mais ils ne se font pas sans avoir un minimum de construction professionnelle.

Après l’EFAP, tu es passée par Barclay : un très gros label où tu as évidemment fait tes classes, et par le SNEP : le Syndicat national de l’édition phonographique. Puis, tu es restée dix ans à la Direction de la Communication de la Fnac et, comme tu nous le disais, c’est vraiment là où tu as appris plein de choses. Tu as ensuite rejoint Atmosphériques (et Marc Thonon) : un label qui venait d’avoir un très gros succès avec Louise Attaque, c’est ça ? Plus de deux millions d’exemplaires vendus…

Il y avait déjà eu Louise Attaque. Depuis sa création, Atmosphériques avait un Département Marketing, mais n’avait jamais eu d’Attaché(e) presse en interne.

D’où ma question par rapport à la discussion qu’on avait tout à l’heure sur les festivals qui ont besoin de Bureaux de presse. A l’époque, Marc et le label Atmosphériques font le pari d’avoir quelqu’un en interne…

En interne, exactement.

… et de ne pas aller piocher des ressources externes « sur la place » …

L’idée n’était pas d’arrêter totalement les ressources externes, mais en effet d’avoir une expertise à l’interne pour pouvoir « piloter tout ça ».

Parce que c’était un label « très proche des Artistes » : à chaque fois c’était « différent », en fait…

A chaque fois c’était différent : la manière de « les travailler » était différente.
Marc avait vraiment envie de se dire qu’il y avait une « figure interne » qui représentait toute la partie promotion qui allait être déployée sur les différentes campagnes autour des Artistes.

Tu as travaillé sur quels Artistes ?

Quand je suis arrivée, on travaillait sur Abd al Malik qui allait sortir son album et sur le « premier » Soldat rose (superbe expérience !) : celui avec Vanessa Paradis, Alain Souchon…

Celui du Grand Rex ?

… avec les représentations au Grand Rex et la captation, à l’époque, pour France Télévisions. 

Tu as aussi travaillé sur des « signatures » plus internationales dans ce label…

Exactement, sachant qu’à l’époque on en avait quand même peu à l’International.
Marc Thonon étant Belge, on avait quelques « signatures » Belges, mais on n’avait pas de « signatures purement internationales » et encore moins anglophones.

A l’époque, on a signé Charlie Winston pour son premier album qui a été un vrai « carton » :
une « signature » qui s’est faite en quelques mois et une rencontre humaine et artistique absolument géniale ! L’humain a eu énormément d’importance dans cette « signature » et dans ce qui s’est passé par la suite.

Cela a été une très grande aventure humaine et artistique !

On parle là d’un « énorme tube » : « Like a Hobo » …

Oui, « Like a Hobo » a été « l’énorme tube » !
C’était une tournée absolument « dingue » et deux ans de travail énorme à ses côtés !

Au début, essayer de « faire éclore une pépite », puis gérer le succès et les demandes d’interviews partout…

Complètement : lui étant vraiment un « mec de scène » adorant tourner, acceptant les dates, étant sur la route quasiment non-stop, enchaînant ses dates en salles sous son nom et toutes les dates de festivals qu’on a pu faire quasiment pendant deux étés de suite !

Cécile, on en vient à ce Bureau de Presse qui est le tient aujourd’hui.
Tu y réconcilies un peu toutes tes vies : tu as bossé au début avec Atmosphériques, tu bosses aussi avec Fnac Live sur ce magnifique festival sur le parvis de l’Hôtel de Ville.
Tu bossais aussi sur d’autres festivals ou des tournées ?

Au tout début, quand je me suis mise en Indépendante, j’ai forcément commencé à travailler sur la promotion d’Artistes. A la Fnac j’avais beaucoup bossé avec Le Printemps de Bourges (avec Daniel Colling « aux commandes ») : on avait été partenaires des Découvertes du Printemps de Bourges qui sont aujourd’hui Les Inouïs, sur lesquels je travaille.

A l’époque, Daniel Colling souhaitait changer de Bureau de Presse.
Je me suis mise en Indépendante en avril 2013 et il m’a appelé en juillet 2013 pour me dire : « J’aimerais que tu deviennes notre Attachée de Presse ».
A l’époque, il avait toujours le MaMA et Le Printemps de Bourges. Il m’a demandé de travailler sur ces deux festivals, le MaMA étant en même temps un festival et une convention professionnelle parisiens qui se tiennent chaque année en octobre, Le Printemps de Bourges ayant lieu en avril, à Bourges.
J’ai donc commencé avec ces deux « gros évènements », en plus de la promotion des Artistes.

Je travaille toujours sur Le Printemps de Bourges, même si aujourd’hui ce n’est plus Daniel Colling qui est « aux commandes », ce sont le Groupe Morgane et Boris Vedel (que je salue et que tu connais bien !) …

Oui, je les embrasse très fort !

[Rires] A côté de ça, la Fnac m’a très vite rappelée pour que je puisse travailler avec eux sur le Fnac Live
(je travaille avec eux depuis l’été 2014). Je bosse sur le Festival d’été de Québec : un festival québécois en France. Généralement, j’y emmène quelques Journalistes Français chaque été (quand on peut…).
Je bosse sur le Champs-Elysées Film Festival : un festival de Cinéma Indépendant Français et Américain qui, depuis trois ans, possède une programmation musicale indépendante qui fait jouer, tous les soirs, un ou deux artistes indépendants (des talents très émergeants), pour les présenter à un peu de public et à quelques Professionnels. 

Peut-on distinguer les « projets Live » et les « projets festivals » des autres projets que tu défends ? 

C’est différent en ce sens que « l’humain n’est pas le même ».
Un évènement reste un évènement, même s’il y a des gens qui le « font ». Aujourd’hui, dans notre métier, c’est quand même une passion de faire ce type d’évènement : on sent que tout le monde est passionné et à 250 % dévolu à la chose !

Il y a le compte à rebours quoi ! 

Il y a le compte à rebours, la volonté de faire mieux que l’année précédente. Il y a vraiment une « course pleine de passion ». Après, un Artiste… vous « défendez son bébé » quand vous travaillez sur son album.

Il y a des gens spécialisés dans la promotion des tournées d’Artistes. Moi, je ne suis pas « dédiée » juste à la promotion de la tournée : je m’occupe des Artistes, de la sortie de leur album, et les accompagne généralement sur les dates. Parfois, quelqu’un nous rejoint pour ne travailler que sur la tournée (en fonction de son succès : les budgets ne sont pas extensibles en Communication…), mais je travaille toujours sur quelques dates : les principales et, bien entendu, les dates parisiennes dont la première est souvent très proche de la sortie de l’album.

Vous parliez des Têtes Raides, mais je travaille également avec énormément de talents émergeants : Tim Dup, Voyou, Lombre qui en est à son premier E.P. [Extended Play] que l’on a sorti en septembre.
Pour tous ces jeunes artistes, il est évident que vous ne pouvez pas simplement vous arrêter à travailler la promotion d’un E.P. ou d’un premier album : vous êtes obligé de travailler la partie Live, en fait. 

Dans tous ces mois qu’on est en train de vivre et que l’on a vécus, as-tu eu envie de faire ton travail différemment ? Vois-tu des pistes différentes pour ce métier-là ?

Des « pistes différentes », c’est compliqué : je pense qu’on ne les a pas encore. Très clairement, le métier est en train d’évoluer.

Nous, les Attaché(e)s de Presse, sommes l’un des « piliers » autour des Artistes et même des évènements : on n’a jamais arrêté de travailler. On a toujours eu à communiquer, que ce soit pour des mauvaises nouvelles de type annulations, pour trouver des solutions, pour essayer de faire exister l’évènement ou la sortie d’un album ou d’un E.P. malgré la crise sanitaire et « l’empêchement complet » : pas de date de concert et peu de promotion.
Il ne faut pas oublier que pendant qu’on était confinés, côté médias (radio ou télé), tout ce qui était la partie Live était quand même très réduite, voire nulle.

On a trouvé des solutions, on a essayé de « faire exister » nos Artistes.
Quand certains s’enregistraient dans un jardin ou dans leur salon, on essayait de « faire exister les vidéos » au travers de nos liens avec des sites web avec lesquels on travaillait au quotidien pour voir si, par hasard, on pouvait les mettre en avant. On a retenu la demande de certains médias de faire des « Lives à la maison ». Le Festival à la maison s’est monté, il était super. J’y ai placé quasiment cinq Artistes…

Donc, ça ne s’est jamais arrêté pendant cette période…

Non !


Est-ce que ça t’a donné envie de faire le boulot différemment ?
Je prends simple exemple : ton boulot, c’est d’être tous les soirs dans une, deux, trois ou quatre salles de spectacles. Tu es tout le temps « partout », et là il ne se passe rien. Pourtant, tu as quand même des retombées presse.
Est-ce que tu te dis que quand tout ça va reprendre (on a tous très envie que ça reprenne !), on va toujours te voir dans deux, trois, quatre ou cinq salles de spectacle et dans plein de rendez-vous différents ? Est-ce que ça va « bouger », changer ? 

Je ne sais pas comment ça va reprendre, en fait. Je crois qu’on en est tous là.
On se serait parlés tous les deux il y a quatre mois, on ne se serait jamais imaginés qu’on en est encore à ne pas pouvoir sortir le soir et avoir des vies comme on a pu les avoir jusque-là, avec une crise qui est en train de perdurer, sans avoir de date de fin.

Je pense que des habitudes de vie sont en train de se prendre. Tout comme on a pris l’habitude de faire des réunions sur Zoom ou sur Teams, on a pris l’habitude de ne pas forcément sortir tous les soirs.
C’est une grosse inquiétude que j’ai, parce que même si on voit les offres payantes de Live Streaming, je ne conçois pas le Live qu’au travers d’un écran : je ne peux pas me résoudre à ça. Néanmoins, je ne vois pas comment ça pourrait ne pas laisser de « marques ». 

Je pense qu’il va falloir reprendre les choses avec énormément de niaque et de cœur.
Du côté des Artistes, je sais que tout le monde va courir pour avoir sa date en salle, il n’y a pas de souci. Toutes les salles qui vont pouvoir rouvrir seront ravies de le faire. Il n’y aura aucun problème du côté des Professionnels et des Artistes, c’est évident !
Côté Communication (et de ce que pourront faire les Attaché(e)s de Presse), je pense qu’il va falloir « faire savoir tout ça », et surtout redonner envie aux gens de sortir.

Si du côté des Professionnels ça nous a « fait des vacances » (depuis 20 ans ça ne m’était jamais arrivé de passer autant de temps à ne pas avoir de choses à faire le soir), je pense que du côté du Public, entre la peur qui s’insinue dans toutes nos vies et le côté anxiogène d’un virus… quand demain on va nous autoriser à nous réunir, je pense que plein de gens vont courir un peu partout, mais de là à acheter des billets et à aller dans des salles de concerts…
Il va falloir qu’on travaille sur l’offre et sur la manière de la valoriser, de la rendre la plus « sexy » et… 

Rassurante…

… la plus rassurante, aussi.
Il va falloir qu’on donne envie aux gens de revenir, quoi ! Cette période-là est trop longue aujourd’hui. Beaucoup trop longue… 

Ce qui me fait énormément peur c’est qu’énormément de choses ne reprendront pas normalement ! Nombreux sont les festivals ou les évènements musicaux qui ne pourront pas se tenir en 2021 parce qu’ils n’auront pas eu « les reins assez solides » et parce que de nombreux partenaires privés et même publics ne pourront pas « suivre », ou retireront leurs subventions…
Je pense que les dommages sont là. On ne peut pas se dire qu’il n’y en aura aucun. On n’a pas juste « appuyé sur pause », malheureusement…

Malgré tout, pour toi, l’envie est vraiment toujours là, et même encore plus forte ?

L’envie est toujours là ! Elle est même encore plus forte ! Elle est même de défendre le métier qu’on fait, qui aujourd’hui est parfois un peu « oublié » de la filière.

On dit souvent qu’on est des « invisibles » et qu’on « travaille dans l’ombre ». 

Aujourd’hui, on est quand même assez nombreuses à travailler en Indépendantes dans le domaine de la Musique et je pense qu’on est un maillon assez important de la Diversité. Il ne faudrait pas qu’au fil des mois qui passent pendant cette crise, on perde des gens en chemin.
C’est l’un des combats que je mène en ce moment : on a monté un syndicat pour fédérer et rassembler cette corporation, pour essayer de se défendre et de faire entendre au Ministère qu’aujourd’hui, pour la plupart, on est toutes en Indépendantes et qu’on a absolument aucune subvention, aucune aide depuis quelques mois.

C’est ce qu’on a essayé de faire dans « Sold Out » …

Merci encore à toi ! C’est important !
Je pense que c’est un métier dont on a trop souvent oublié de parler. Aujourd’hui, ce que je fais en créant ce syndicat et en parlant de ce métier, je le fais aussi pour les plus jeunes : pour que ceux qui arrivent ne soient pas « dégoûtés » de cette situation !

Pour toi, les plus jeunes qui veulent faire ce métier-là doivent continuer à « s’accrocher » ?

Il faut qu’ils continuent parce qu’on va avoir besoin d’eux : la Musique ne va pas s’arrêter demain, les évènements musicaux et culturels non plus.

Quand bien même il y aura forcément des dommages collatéraux, quand bien même ça va être compliqué de reprendre, quand bien même il est évident que « rien n’est rose », il va falloir qu’on ait la puissance de « se réinventer » (je déteste ces mots « se réinventer » : on n’a pas attendu que quelqu’un du Gouvernement nous le signifie pour le faire…) !
Malgré cette crise, on a tous essayé de trouver des alternatives, de défendre nos Artistes coûte que coûte, de les faire jouer… Personne n’a perdu de temps et ne s’est enfermé chez soi « en attendant que ça passe ».

En tous les cas, on va avoir besoin de « sang neuf », de réflexion, d’envie et de passion.
J’ai besoin de transmettre tout ça à des plus jeunes, de me dire qu’à un moment ou à un autre mon métier va continuer d’exister, même quand je n’aurai plus envie de le faire ou ne le ferai plus (ce qui peut arriver !).

Je pense qu’on a besoin de « nourrir ce terreau-là », pour faire en sorte que des jeunes aient envie de faire ce métier malgré cette situation assez compliquée.

En tous les cas, la Culture a besoin d’avoir des gens qui ont envie de se battre pour elle. Plus que jamais !

L’envie est toujours plus forte que la peur…

Exactement ! La peur, il faut l’oublier. Les autres secteurs ne sont pas mieux. Dans le nôtre, une chose est sûre, on sait pourquoi on le fait !

Tu nous l’as bien montré aujourd’hui ! Merci beaucoup, Cécile Legros !

Merci à toi, Marc !

A bientôt !

A très bientôt ! 

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